C'est par son regard de poupon rieur que Gérard Courrèges vous accueille. Des yeux pétillants, ouverts au dialogue, le bonheur pudique mais immédiatement communicatif. On se sent bien chez lui, au milieu d'une brocante familiale témoin d'une vie riche et hospitalière.
Le monde du vin est parfois sérieux, parfois drôle, et Gérard est l'enfant de ces deux pôles, souriant, épanoui, facétieux mais travailleur infatigable et appliqué. Sa jovialité, il la doit à l'amour de la vie, des autres et de la bonne chère. Il aime tout déguster, tout comprendre, tout savoir, et sa curiosité vorace est sans limites. Il connaît comme un échanson toutes les nuances du territoire français et cette force lui permet un lien unique avec la sommellerie, telle une prédisposition, voire un sacerdoce. Ce sont l'amour des grands vins et la foi en la singularité qui l'autorisent à débâtir ce que deux générations ont construit avant lui. Comme beaucoup de vignerons de son temps, il sait que la seule voie possible est la rupture. En vigneron hardi et courageux, il se jette au vin, en espérant non pas une bouée mais une barrique, car comme dit le proverbe « La vérité sort mieux d'un tonneau que d'un puits». Sa vérité, justement, il la cherche ! S'attelant à prouver que ce cépage autochtone, le sciacarellu, est fait pour communier dans le bois. Il sent que le fruit et la fraicheur, la pointe de fantaisie et le port altier de ce merveilleux catalyseur réclament une «douelle» de civilisation. A sa façon, il s'inscrit dans cette lignée modeste de vignerons téméraires qui ont cru, bien avant les modes, que ce cépage clair et fragile étonnerait le monde. Sa signature est unique; sa recette, inspirée par la volonté d'exprimer la Méditerranée, sans renier l'élégance qu'il aime tant. Il témoigne à travers ses vins de la place toute particulière que la Corse occupe dans le paysage national avec une production mosaïque, agrégat de fraîcheur, d'énergie, vivante et séductrice. À l'instar du bourgogne, qu'il admire tant, il sera le premier à étager sa gamme. Il comprend très vite que chaque parcelle ne doit donner que le meilleur d'elle-même. Le vigneron invente une hiérarchie de crus et prouve que populaire et élitiste ne sont plus des notions antinomiques. A sa manière, Gérard n'a pas échappé à ce qui l'a nourri. Il est simplement l'artisan d'une démarche merveilleuse qui permet à ceux qui construisent de transformer un parcours en une force motrice et génératrice. Gérard a fait sienne la devise militaire «Croire, oser, agir» en espérant que cet exemple reste en mémoire de ceux qui doutent parfois de leur place dans l'existence. En attendant de douter, si des questions vous assaillent, ne résistez surtout pas à l'envie d'ouvrir une de ses merveilleuses bouteilles et vous verrez alors comme le don de soi et l'harmonie peuvent se combiner pour vous offrir. la plus grande des certitudes !
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