Un coup d'œil très rapide sur le vignoble hexagonal.Tout d'abord, lorsqu'on envisage le monde du vin en France, la lecture est souvent à tort la suivante : les vignobles situés plus au nord (Loire, Champagne) donnent des vins moins alcoolisés, assez tranchants, frais, voire vifs. Ceux situés plus au sud donnent des vins riches, alcoolisés, aromatiques et parfois pesants. Le paroxysme est atteint entre le Languedoc et la Provence. Caricature évidemment, mais une caricature souvent acceptée.

Et la Corse dans ce paysage ? Partant du postulat précédent, elle serait une terre de vins lourds, massifs, asséchants, mous, voire écœurants. Vous êtes en droit de le penser, et moi de vous démontrer le contraire. On y va ? 

1. La topographie

La Corse est une montagne, avec peu de plaines, quelques collines. De manière générale, les terres sont pentues. Elles accueillent de la vigne sur leurs contreforts ou piémonts.

La mer. La Méditerranée joue un rôle pondérateur. En hiver, elle permet de garder une température assez tiède. En été, c'est le contraire, grâce son petit vent nommé ambata elle aide à rafraîchir et à tempérer la vigne. Conséquences pour le vin ? Une évolution de la plante assez constante, des cycles végétatifs plus stables et une maturation plus homogène des raisins. Les fruits souffrent peu, la matière première est régulière.

Les sommets. Pour la montagne, ce n'est pas plus compliqué : tous les soirs un vent froid descend des 123 sommets supérieurs à 2000 mètres. Cette brise nocturne provoque une forte baisse des températures, on parle à ce moment-là d'amplitude thermique entre le jour et la nuit. Conséquences pour le vin? Un relief gustatif beaucoup plus fort, des saveurs plus contrastées. Ce serait la différence entre un morceau de marbre buriné et un autre tout lisse: l'un a du détail l'autre moins.

Première singularité donc : Le vignoble corse est l'un des seuls vignobles au monde à être planté à équidistance de la mer et de la montagne et donc à profiter de cette caractéristique.

2. Ses cépages

Nous verrons avec un peu plus de précisions que l'île possède trois cépages majeurs, quelques cépages méditerranéens comme le grenache ou le cinsault, et une vingtaine d'autres vieux cépages dits complémentaires que nous pensons endémiques pour une bonne part.

Un blanc: le vermentinu, seul à pouvoir revendiquer l'AOP (appellation d'origine protégée). Deux rouges: le niellucciu "massif", cultivé seul ou presque à Patrimonio, et le sciacarellu "délicat" cultivé presque seul dans la région d'Ajaccio. Et bien d'autres... Partout ailleurs, ces deux cépages rouges et assemblés se partagent la vedette avec les quelques cépages méditerranéens ou complémentaires.

Conséquence pour le vin ? Vous cuisinez avec un ingrédient, il est de premier choix et tout se passe bien, c'est vous avec l'expression seule de ce produit et c'est parfait - sauf si vous loupez votre cuisson. Vous cuisinez avec plusieurs ingrédients, à condition de savoir les marier vous aurez un plat d'une plus grande complexité - et un droit à l'erreur plus large.

3. Son sol et son sous-sol

Quand un millefeuille se brise dans une boîte à gâteaux renversée, vous remarquez bien les couches de pâte qui se mélangent avec les morceaux de crème, collés par le sucre glace, lui-même incrusté de brisures de pâte, le tout éparpillé dans la boîte et tenu par un sucre ramolli...

C'est à peu près l'image du sol corse sur le temps: la plaque minérale en mouvement pendant des milliers d'années provoque un patchwork étonnant de tous les types de sols que l'on peut trouver en France. Agrégés, détruits, ajustés, brisés, les sols de l'île se retrouvent mélangés pour donner, comme en Bourgogne, un nombre infini de petites parcelles très dissemblables. On les regroupe en trois grandes familles de sols: les granits, les schistes et l'argilo-calcaire.

Conséquence pour le vin ? Le sol est le type de nourriture et le vin, son expression. Plus la nourriture sera singulière, riche et variée, plus complexes seront les vins.

4. Le climat

Trois types de climats contrastants: un climat méditerranéen au nord et à l'ouest de l'île, un climat sec et aride dans l'extrême sud et un climat semi-équatorial à l'est.

Conséquence pour le vin ? Des expressions aromatiques très distinctes en fonction des climats et des températures. Arômes de fruits cuits secs, exubérants dans le Sud. Des notes vives, fleurs et agrumes, dans le Nord et l'Ouest. Des parfums exotiques, riches et persistants à l'Est.

5. Le poids de son histoire

La Corse est un vieux vignoble de 2500 ans. Phocéens, Grecs et Romains modelèrent le vignoble selon leur culture, les contraintes, leur langage et leurs habitudes. Les invasions successives (Barbares Grecs etc.), l'essor des exportations de L'Hexagone, les deux guerres mondiales, l'exil, les retours d'Algérie et les changements des années 1970 ont rongé le faste d'antan. Cette succession d'événements, composantes de notre vignoble, a abouti au constat suivant il y a une quarantaine d'années: il nous fallait repartir de pas grand-chose et tout inventer.

Avantages pour le vin ? Un vignoble qui ne supporte pas le poids de l'histoire pour tout se permettre ou presque. Tout est à penser à imaginer à concevoir.

En bref: nous vivons aujourd'hui une époque assez folle de mutation positive, nous sommes tout à fait conscients de ce beau virage passionnant à vivre de l'intérieur. Ce qui est vrai aujourd'hui le sera sûrement moins demain, et si l'on ne s'arme pas d'humilité, ne s'emplit pas de doutes, il y a fort à parier qu'on passera à côté de cette révolution. Vous aussi, amateurs passionnés ou curieux, soyez attentifs.

6. Les jeunes vieux cépages

Petit retour en arrière. Nous sommes au début des années 2000, les mondes du vin s'entrecroisent, le marché devient mondial et les producteurs s'exportent dans tous les sens. D'un côté, la vieille Europe, conservatrice, qui explique les goûts de ses vins à ses consommateurs. De l'autre, les vignobles dits du "nouveau monde" qui construisent leurs goûts en fonction de leurs marchés.

Et la Corse dans tout ça ? Une expression symbolise assez bien notre positionnement depuis ces années-là : on dit que la Corse est "le plus ancien des nouveaux mondes". Nous sommes capables d'être assez dépaysants par notre choix de cépages originaux mais nous sommes profondément français dans notre rapport au terroir. Le vin corse devient donc dans le monde du vin une curiosité; il est l'un des seuls à pouvoir revendiquer une singularité aussi vaste, sans pour autant trahir son origine.

Comment y est-on arrivé ? Des choix se sont présentés au début du XXIème siècle : composer avec de la syrah, du grenache et d'autres cépages méditerranéens des vins plus communs et faciles à vendre, ou profiter d'une singularité en sommeil, et proposer au monde une identité, avec les risques associés à cette démarche. C'est bien entendu le choix de l'originalité qui fut adopté. Ce qui va suivre est le fruit du travail ou Centre de recherche viticole insulaire (CRVI) qui, depuis de nombreuses années accompagne et rassure le monde viticole de l'île dans cette démarche inouïe de riacquistu (réappropriation) ampélographique. Voici un extrait de la palette des goûts que les vignerons ont leur disposition pour inventer le vin de demain ou tout simplement retrouver le vin d'hier...

L'histoire continue. Des pages s'écrivent tous les jours et à l'heure où vous lisez ce texte, des chercheurs passionnés analysent et comparent le reste du patrimoine ampélographique. Il est encore bien trop tôt pour vous livrer des conclusions mais comme pour le reste du vignoble, soyez attentif: la Corse ne nous a pas encore révélé tous ses secrets. Vous le savez maintenant, c'est une terre hermétique qui ne demande qu'à être courtisée. Profitez-en. Des goûts et des couleurs. Voici les cépages autorisés dans l'appellation d'origine protégée (AOP) et l'indication géographique protégée (IGP) mais une dizaine d'autres existent par ailleurs.

Aleaticu (rouge) : Arômes exubérants, note de muscat, rose, litchi, pot-pourri. Vin avec une légère acidité naturelle.

Biancu gentile (blanc) : Notes de pamplemousse, fruits exotiques, orange confite, miel, fleurs et fruits blancs. Vin corpulent de bonne longueur.

Minustellu (rouge) : Nez expressif, cerise, amande. Notes balsamiques, mentholées, touches empyreumatiques. Vin coloré d'un beau rouge, tanins présents mais souples.

Barbarossa (blanc) : Notes de fleurs blanches, fumées, agrumes et parfois menthe. Vin corpulent mais assez frais.

Carcaghjolu neru (rouge) : Aromatique, nez de fruits rouges et noirs encre, épices douces, laurier, sous-bois. Vin au tanin légèrement rustique sans défaut.

Codivarta (blanc) : Peu exubérant, notes de fruits blancs, agrumes légers. Vin assez plat à l'acidité faible. Excellent pour tempérer des vins riches.

Muscat petit grains (blanc) : Notes de fruits frais, rose, abricot. Il peut être vinifié en vin tranquille ou effervescent.

Muresconu (rouge) : Notes de petits fruits rouges, fleurs blanches, caramel blond. Vin peu coloré, de faible acidité et au tanin léger. La bouche est ample et rafraîchissante.

Carcaghjolu biancu (blanc) : Notes de raisins frais, pêche blanche, jasmin. L'acidité est élevée et le taux d'alcool faible; fameux pour équilibrer des jus plus lourds.

Pagadebiti (blanc) : Arômes de beurre, proche de ceux du chardonnay. Jus équilibré, degré d'alcool faible.

Riminese (blanc) : Nez d'agrumes type citron, cédrat, fleur de citronnier. Corps ferme et vif. Parfait pour redonner de la vitalité.

7. Le nielucciu et le sciacarellu ; opposés mais complémentaires

Chez nous ils sont deux cépages totalement contradictoires mais parfaitement en osmose. Pour faire simple, un cépage plus masculin, le niellucciu, et un cépage plus féminin, le sciaccarellu, même si en réalité l'approche du genre est très différente 

Le niellucciu, le plus latin lover de nos cépages

Nous le partageons avec la Toscane où le sangiovese est utilisé pour faire du chianti ou du brunello. Pour vous confier un secret, et après en avoir beaucoup goûté en Toscane, je ne crois pas que notre niellucciu actuel soit tout à fait leur sangiovese mais je ne veux vexer personne. C'est juste entre vous et moi. Marfisi 23

Un peu de sémantique. La racine latine "nigellus" veut dire sombre ou noir. En effet, sa peau est épaisse, ses grains sont petits très sombres et violacés. Sa pulpe est maigre, ses pépins durs et son niveau d'acidité assez haut. Le jus est noir, épais et tannique.

Caractéristiques des vins. Les vins sont charpentés, massifs, robustes. Les nez sont sauvages avec de forts goûts d'animaux. La bouche dense, parfois violente dans sa jeunesse, et ses tanins durs et insistants. Vous comprenez un peu mieux le qualificatif masculin. Les phases du niellucciu. Vous aurez parfois l'impression que les vins issus du nielluciu sont boisés. Méfiez-vous de cette impression, notre cépage ou legnosu, développe naturellement des goûts de bois que nous retrouvons dans nos verres. Jeune on le reconnaît à ses arômes de fruits noirs, de pruneau confit, d'ester parfois, de gibier à poil, de réglisse, de cendre, de terre humide, de lentisque, d'inule odorante et de champignon. Plus évolué il va ressembler à ses cousins du nord de la vallée du Rhône et va développer des arômes de champignon noble, de morille, de tabac, de café grillé, de vieux cuir patiné. A un âge respectable, vous pourrez même y trouver des notes de cèdre, d'épices, de cacao, de gibier à plumes, de bois de rose, de truffe et de menthol. Les tanins massifs seront désormais civilisés, le jus sera toujours présent et une impression de finesse et de plénitude se fera sentir.

A table. Dans sa jeunesse, il faudra lui offrir une terrine de gibier, une viande rouge et saignante, savoureuse et filandreuse comme la bavette ou un magret rôti. Le cabri juste rôti fonctionnera. Plus tard, un vieux jambon de 36 mois, une volaille genre pintade un peu grasse avec carottes, cumin, morilles et coings braisés seront de la fête. Pour un niellucciu d'âge respectable la truffe sera le point d'orgue du spectacle. Une queue de bœuf, un jarret parfaitement confit, enfin tout ce qui peut être tendre, de caractère fin et élégant.

L'illustre sciacarellu

L'endémique... On le nomme aussi sciucitaghlolu "qui éclate ou qui croque sous la dent". Sa grappe est plutôt claire, sa peau très fine, sa pulpe abondante, ses pépins très petits. On voit à travers la peau. Les jus sont éclatants, aromatiques, séduisants à la vinification. On y respire la fraise et la fine levure pâtissière.

Caractéristiques des vins. Les vins sont délicats, fragiles, peu tanniques, soyeux, aériens pour les meilleurs, terriblement désaltérants. Ce sont des vins d'une grande élégance. La bouche est suave, juteuse, fluide, les finales toujours salivantes.

Les phases du sciacarellu. C'est un cépage passionnant. Il est ultra-contemporain car il donne des vins de fruit rafraîchissant, aromatiques, des vins gais, légers et séducteurs immédiatement. On le sait à maturité lorsqu'il sent la fraise mûre, la framboise et le poivre blanc. Polymorphe il sera travaillé en sec ou légèrement doux comme l'amarone et même totalement riche. Jeune, il est aussi capable de donner des vins d'un classicisme éblouissant, tels les grands bourgognes, altiers, sensibles, présents, puissants mais pas démonstratifs. Sa robe rubis très clair sera finement acidulée, compacte, "séveuse", harmonieuse. Son impression en bouche sera celle d'un beau bourgogne de la côte de Beaune, type Volnay ou Moulin-à-vent. A dix ans, son parfum et son corps deviendront plus subtils. Un nez tout en nuances et raffinement. Griotte, fruits rouges, épices complexes, poivre blanc de Sarawak, bois aromatique, fumé. Plus vieux il rejoindra curieusement les arômes du nielluciu. Un noble bourgogne, diront certains. Eh oui ! Le sciacarellu "pinote", des notes de feuilles de coca, de marasquin, de noyau de cerise ou d'amande, de cèdre, d'eucalyptus, de bois de rose, de myrrhe, et enfin de truffe. Quel arc-en-ciel ! Curieux, non ?

A table. Dans sa jeunesse, tout lui est permis. En jouant sur les températures de service, on pourra lui offrir du poisson, des oursins, du veau au wok, et tout ce qui fait la joie d'un comptoir à tapas. Vous l'aurez compris, il lui faut une chair goûteuse, mais pas écrasante. A dix ans, une belle tourte de veau à la pâte craquante, deux ou trois morilles et un morceau de vuletta lui tiendront bonne compagnie. A vingt ans, une perdrix rôtie, un porcelet confit, une grande viande d'exception, et une poignée de pommes boulangère feront merveille. Et pourquoi pas un risotto truffe et lièvre ? Des truffes corses bien sûr.

8. Le vermentinu : le miroir de la mosaïque des terroirs

Le grand voyageur méditerranéen. Natif du Péloponnèse, en Grèce, et vraisemblablement importé par les Phocéens, ce baladin semble avoir trouvé en Corse une terre promise. Il est appelé aussi rolle ou malvoisie, et la souche était un signe de partage et de fraternité entre les peuples nomades ou sédentaires de la basse Europe. Tel un itinérant, capable de résister aux terres les plus arides, là où ses semblables déclinent, il s'enracine pour faire souche et être le catalyseur formidable du sous-sol et de son environnement.

Variétal et minéral. Il a cette dualité complémentaire des grands cépages qui rassure les néophytes et comble les amateurs exigeants. Jeune, il exprime avec force la sève et les arômes bien particuliers de cette variété, qui pourraient être - la liste n'est pas exhaustive - le buis, le jasmin, l'abricot, le cédrat, la fleur d'oranger... Babylone, me direz-vous ? Certains osent comparer la Corse au jardin d'Eden, le paradis n'est qu'à un pas. De la Grèce antique, il a gardé le sens de la tragédie, et sait jouer des rôles profonds et graves quand dans la terre il puise son inspiration. Il devient miel d'abord, cire ensuite, et prend tous les contours et les formes des pierres qu'il absorbe. Il est le catalyseur merveilleux de cette profusion multimillénaire des sous-sols de la Corse.

Des schistes aux arènes granitiques. Austère, fin tranchant, symétrique, atone, presque hermétique, comme ces grandes dalles vertes et grises de schistes qui partent du nord de l'île et la partagent en son centre pour mourir en terre d'Aléria. Généreux, malléable, gras, rond, bavard, sensuel, aromatique, comme l'argile de Patrimonio. Aérien aussi, élégant, tel un souffle de vent le soir au crépuscule sur la vallée du Nebbio, tant il est façonné par le calcaire qui constitue ce cirque naturel propice aux grands vins. Délicat, délié, fragile, amusant, loquace, ouvert aussi. Le granit multicolore en décomposition procure joie et tendresse aux vins du reste de l'île. Il est parfois rose, tantôt jaune, souvent gris, rouge aussi. Tant de nuances teintent ses arômes de joie et d'allégresse et font de ces vins des compagnons volubiles qui savent admirablement bien raconter l'histoire de ces pierres et surtout le présent de ces hommes.

Une tradition en marche. On dit de ce cépage qu'il est le riesling de la Méditerranée. Il a cette capacité comme son ami distant de 1000 kilomètres de pouvoir raconter l'histoire des sols et de les retranscrire tels le "petroleum" ou l'huile de pierre. Il est donc question des arômes de la grande gastronomie. A l'instar des vins d'Alsace, il développe au vieillissement des fragrances d'hydrocarbure, de terpènes d'agrumes, de truffe blanche, si chères aux sommeliers. N'ayez pas peur: il est civilisé ! Il souhaitera alors les mets les plus précis, constitués et complexes ou l'agrume sera l'arbitre aiguisé de ces joutes gastronomiques.

Un grand vin de civilisation. Le vermentinu de Corse, comme nul autre vermentinu en Méditerranée, est capable d'une expression très diverse, très riche et interactive. C'est sûrement le cépage le plus passionnant de nos connaissances actuelles, non seulement pour ce qu'il nous dit, mais surtout pour ce qu'il dira. Il est de ces ambassadeurs racés et bénis capables des mots les plus fous dans une agora. Cependant, attention ! Il a besoin de temps : le sien, le vôtre, le nôtre. Gardez-le, gardez-en, mais ne vous en gardez pas.

9. Questions et remarques fréquentes. Prononcer avec l'accent

Le vin corse peut-il vieillir ?

Parfaitement, aussi bien les blancs que les rouges si (i) on prend la peine de le faire (ii) on le stocke correctement (iii) on choisit le bon millésime dans la bonne cuvée.

Combien de temps peut-il vieillir ? Nous n'avons que cinquante ans de recul mais les meilleurs gagnent à vieillir au moins ce temps-là.

Quels sont les cépages principaux ? Le niellucciu et le sciacarellu pour les rouges, le vermentinu pour les blancs.

Sont-ils les seuls cépages? Oh non ! Nous en comptons une vingtaine d'autres que nous comptons en cépages secondaires, très intéressants eux aussi.

Trouve-t-on du merlot, du cabernet ou de la syrah en Corse? De moins un moins au profit des cépages locaux

Les vins corses sont-ils fortement alcoolisés ? Oui, comme la plupart des vins du Sud, mais ils sont plus équilibrés : le sucre l'alcool et l'acidité se répondent harmonieusement. Notons que la Corse est un terroir de Piémont donnant des vins frais avant d'être solaires. La montagne procure beaucoup de légèreté, de charme et de digestibilité au vin. 

Les vins corses sont-ils forts ? On a la chance de trouver de nombreux types de vins en Corse des plus légers aux plus charpentés et de ce fait toutes les attentes sont comblées.

Où sont les vignes en Corse? Au bord des monts, à l'intérieur des vallées, hors des axes de circulation.

Où sont produits les vins en Corse ? Sur tout le pourtour de l'île et sur un seul domaine en Centre Corse.

Combien y-a-t-il de vignerons ? Environ 120 caves particulières et 300 apporteurs à des coopératives

Les rosés corses ressemblent-ils aux autres rosés ? Non. Ils sont singuliers car leurs cépages et leurs caractéristiques topographiques sont uniques.

Est-ce que la Corse exporte beaucoup ? Environ 40% de sa production

Pourquoi voit-on rarement des vins corses ailleurs qu'en Corse ? Car 40% de 6300 hectares pour le monde entier ça fait peu

Où peut-on trouver des vins corses sur le continent ? La plupart des domaines de l'île travaillent avec les cavistes sérieux de chaque région de France.

Les vins corses sont-ils meilleurs qu'avant ? Oui, la qualité s'est améliorée surtout ces quinze dernières années.

Les vins corses sont-ils chers ? Le "cher" est toujours en rapport avec quelque chose ou quelqu'un.

Dans ce cas, par rapport à qui ? Nous pensons que nous avons le vignoble avec le meilleur rapport qualité-prix de France si on veut bien comparer ce qui doit l'être.

Y-a-t-il beaucoup de vins bio ? L'environnement naturel permet de cultiver la vigne en grande partie en bio même si peu le revendiquent.

Trouve-t-on beaucoup de nouveaux vignerons sur l'île ? Oui, c'est un vignoble qui bouge beaucoup Y-a-t-il beaucoup de femmes vigneronnes ? Un vigneron sur cinq est une femme.

Le vin corse ressemble à quoi ? Tous les vins corses ne se ressemblent pas. Le mieux est encore de les découvrir et de les déguster. Au mieux on peut dire qu'ils ressemblent à eux-mêmes

Fabrique-t-on du champagne en Corse ? Non. Nous fabriquons en méthode champenoise, donc des vins effervescents mais c'est très confidentiel. Le nom des vins ressemble à des mots italiens ! Les noms corses ont souvent une racine latine.

Les vins corses supportent-ils le voyage ? Parfaitement !

10. Les différents modes d'élevage

Un centre de recherche de pointe. Nous avons la chance d'être accompagnés par le CRVI (Centre de Recherche Viticole Insulaire), un organisme de premier ordre. Les résultats que je vais vous livrer sont les fruits de leurs travaux et de quelques réflexions purement personnelles.

Le ciment. La cuve peut être carrée ou ovoïdale, la matière a une bonne inertie thermique qui ne provoque pas de fortes hausses de température.

Conséquence pour le vin ? Imaginez un four dont on régule parfaitement la température, l'avantage est alors de ne pas trop cuire ou de ne pas dessécher un plat. D'autre part, l'échange gazeux avec l'extérieur se fait correctement et permet au vin de respirer. Conséquence pour le vin ? On peut comparer ce phénomène une pièce peu ventilée en hiver qui garde une température constante. Vous n'aurez donc pas besoin de réguler votre thermostat en permanence.

Les cuves en forme d'œuf. La cuve ovoïdale présente une réelle différence par rapport aux autres. Elle dégrade beaucoup plus l'acidité et enrichit significativement les vins. Si, pour l'instant, on ne connaît pas les causes de la baisse d'acidité, on sait que grâce à la convection, le vin tourne dans l'œuf et se nourrit lui-même en permanence.

Conséquence pour le vin ? Vous êtes assis devant votre télé une boite de bonbons vous passe sous le nez sans arrêt, que faites-vous ? Pour le vin c'est à peu près pareil : il plonge de tout son corps.

Le bois. Les tailles varient en fonction du rapport souhaité entre le vin et le bois. Plus les contenants seront grands, moins le vin aura le goût du bois. Le liquide sera moins en contact avec le bois si le volume de cuve est élevé. Conséquence pour le vin ? Le bois permet au vin de respirer correctement, parfois trop. Imaginez-vous vivre dans un vieux chalet, où l'air est pur mais parfois trop vif...

Les contraintes liées au bois. Le bois peut apporter trop de goûts étrangers au vin et là encore une fois, tout est question de dosage de goût, du profil de produit que l'on souhaite faire. Les conditions d'hygiène dans le bois sont parfois difficiles et les mauvais goûts marquent définitivement le précieux nectar.

Conséquence pour le vin ? Vous laissez votre plaquette de beurre ouverte au réfrigérateur, elle ne se porte plus très bien, absorbe les faux goûts et les transmet à vos radis quand vous décidez enfin de les servir. C'est la même chose pour le vin.

Le métal. Un modèle d'hygiène et de confort. Les vins qui y vivent sont protégés de la lumière et de l'air, les cuves peuvent facilement être rafraîchies ou réchauffées. Leur utilisation est simple et efficace. Conséquence pour le vin ? Des vins aux arômes assez nets, des structures assez vives. Comme Ken et Barbie, c'est beau, très beau, mais parfois sans surprise, sans intention d'aller dans le temps. D'ailleurs a-t-on déjà vu un Ken vieux ? Petit focus sur les forces et faiblesses du métal: le métal est un contenant qui convient assez bien aux rosés, aux blancs à boire jeunes. Un contenant satisfaisant pour vinifier mais manquant d'une pointe de charme pour élever des vins et leur permettre de se libérer complètement.

L'amphore. Un nouveau... très ancien support ! Comme le bois, l'amphore permet de vinifier avec un bel échange gazeux, parfois trop. Comme le bois, pendant l'élevage elle permet au vin de respirer mais sans apporter des goûts boisés évidemment. Comme dans la cuve ovoïde, par phénomène de convection, le vin tourne contre les parois abrasives de l'amphore.

Conséquence pour le vin ? Comme un papier de verre gommerait les rugosités d'une matière, l'amphore vient polir le vin et offrir des tanins d'une grande d'une grande finesse. Vous êtes en droit de penser que l'amphore est le contenant idéal. Eh bien, non !

Les faiblesses de l'amphore. Sa taille tout d'abord, elle est petite et en faudrait des centaines pour élever tous les vins d'une cave. Elle ne se fabrique plus car sa production est artisanale et bien sûr, comme tout produit artisanal elle est coûteuse. Elle convient assez bien aux rouges, mais pour les blancs, c'est plus compliqué. On remarque trop de notes oxydatives dues à des échanges gazeux trop forts. La porosité des amphores est telle qu'elles perdent beaucoup de liquide sur des élevages très longs.

Conséquence pour le vin? Un prix de revient très élevé, pour un résultat qui n'est pas toujours compris la dégustation.

La Corse, la chance de pouvoir tenter des expériences multiples et de ne rien interdire. A la lecture de ces Indications, on comprend bien que la vérité appartient à chacun en fonction du style de vin qu'il souhaite faire et surtout des potentiels de son terroir. Il me semble évident que tous ces outils sont au service de l'expression des sols et que nous avons pour devoir de traduire au mieux l'immense variété de l'île des bontés. Il y a fort à parier que les années à venir seront d'une grande richesse œnologique mais aussi d'une grande richesse sur un plan hédoniste tout simplement. Il sera bon de suivre de très près cette (r)évolution et, si vous désirez ne rien rater, prenez toujours en compte le fait que le vignoble de l'île sera toujours plus grand par son plaisir que par sa taille... Soyez les premiers !

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